Les défis de la société québécoise en 2025 peuvent sembler immuables. Les crises se multiplient, l’environnement se détériore à une vitesse effarante, les inégalités se creusent. Le système économique prédominant - loin d’apporter des solutions - contribue à exacerber et accélérer cette dégradation. À d’autres époques, dans d’autres crises, l’économie sociale a contribué à démontrer que d’autres logiques économiques, basées sur la solidarité et qui contribuent au bien-être collectif, sont possibles. Encore aujourd’hui, des solutions concrètes existent déjà, des solutions qu’il est urgent de propulser. L'histoire nous montre que lorsque l'économie sociale atteint une certaine envergure, l'impact des entreprises qui en font partie ne se limite pas à améliorer la vie de leurs clients mais contribue également au bien-être de tout le Québec. L’avenir ressemblera à ce que nous en ferons et, par cette déclaration, nous affirmons que nous exercerons notre leadership afin que, d’ici 2050, nous puissions, à l’aide de nouveaux outils dont nous nous doterons, contribuer au changement de logique économique au bénéfice des aspirations de toutes les communautés dans toutes les régions.
Rassemblée à Montréal les 14 et 15 mai 2025, une grande diversité d’acteurs économiques, culturels, environnementaux, politiques, communautaires et de la recherche affirment d’une seule voix que face à un statu quo économique qui mène à des dégradations sociales et environnementales, l’économie sociale, ancrée dans les communautés et au service du bien-être collectif, représente une solution incontournable pour construire une économie au bénéfice de la société et dans le respect de la planète, une économie qui travaille pour nous.
En s’inspirant des grands chantiers du passé qui ont façonné le Québec contemporain, les personnes présentes au Sommet invitent tout le Québec à contribuer à ce mouvement de l’économie sociale afin non seulement de répondre aux enjeux et réalités variés du territoire, mais aussi de contribuer à la transformation de nouveaux secteurs de l’économie en se dotant d’objectifs pour les 25 prochaines années. En 2050, l’économie sociale sera un des piliers d’un Québec plus résilient, inclusif, juste et durable. Pour ce faire, nous voulons :
Affirmer le rôle incontournable de l’économie sociale comme moteur de la vitalité territoriale et l’importance de renforcer nos capacités de coconstruction pour des décisions Pertinentes, structurantes et durables.
En collaborant à la transformation des milieux par la mise en place et le renforcement d’options résidentielles adaptées aux besoins changeants de la population vieillissante, l’économie sociale permet aux personnes aînées de vieillir dans leur milieu, tout en protégeant les cœurs villageois.
En favorisant et générant des outils pour l’émergence de réponses aux besoins locaux, incluant la reprise collective d’entreprises, le développement de nouveaux produits et services par les entreprises existantes et l’expression de la culture locale, l’économie sociale soutient la vitalité de nos régions.
Assurer un leadership structurant de l’économie sociale dans davantage de secteurs économiques pour changer la logique dominante insoutenable sur les plans sociaux, environnementaux et économiques, en développant des pratiques innovantes, et en se dotant d’outils adaptés et de nouveaux capitaux Pour les soutenir.
Nos matières sont moins enfouies, plus réemployées et les capitaux générés par l’économie linéaire sont utilisés pour bâtir une économie circulaire.
Des entreprises d’économie sociale contribuent significativement à assurer l’accessibilité à une alimentation saine, durable et locale à l’ensemble de la population québécoise.
Devenir un moteur de la transition sociale et écologique en collaborant avec des acteurs de tous les horizons pour favoriser la démocratisation de notre économie et une transition vers des modèles d'affaires aux retombées durables et équitables.
La place importante de l'économie sociale dans certains secteurs, par exemple en logement où elle atteint 20%, crée un contre-pouvoir dans le marché immobilier, favorisant l’accessibilité et la résilience.
Les entreprises collectives démontrent que la gouvernance démocratique est un véhicule puissant pour arbitrer entre les impératifs économiques, sociaux et environnementaux dans un contexte de crises multiples.
Créer un mouvement et une société empreinte de solidarité à travers nos actions en faveur de l'insertion et de l'inclusion et par le rôle des entreprises afin qu’elles deviennent des employeurs exemplaires, par leurs pratiques favorisant l’équité et l’égalité des genres, par leur souci d’intégrer, renforcer, élever et inclure les personnes qui apportent des perspectives diversifiées à l’image de notre société.
En assurant des modèles entrepreneuriaux collectifs qui génèrent des emplois durables et pertinents, ainsi que des milieux de travail empreints de justice, l’économie sociale suscite des changements sociétaux profonds.
C’est avec une profonde conviction pour cette vision que près de 1 500 personnes se sont déplacées de partout au Québec pour s’inspirer, se coordonner et renforcer leurs ambitions et leurs capacités d’action collective dans toutes les régions.
La jeunesse se mobilise également et se saisit de l’économie sociale afin de trouver des solutions à la hauteur des défis et qui changent nos perspectives de développement futur. Le message des jeunes au Sommet est clair : le Québec doit changer de logique économique et privilégier l’autonomie des communautés, l’entraide, la solidarité et l’adoption d’une vision non lucrative pour répondre aux besoins essentiels. La jeunesse présente au Sommet en appelle à une transformation du système économique et à ce que le mouvement québécois de l'économie sociale, tout en étant non partisan, s’affirme comme un acteur politique.
L’économie sociale participe à démocratiser l’économie en renforçant le dialogue social dans les entreprises et dans les territoires et contribue ainsi à la construction d’une société plus résiliente. L’économie sociale n’est pas qu’un modèle de développement, c’est aussi une façon de rendre notre société capable de faire face aux chocs et d’innover pour bâtir des solutions collectives à nos défis communs. En s’appuyant sur une propriété collective et une gouvernance démocratique, l’économie sociale construit un modèle qui nous rassemble et qui nous ressemble. Une économie qui travaille pour nous.
Les personnes réunies au Sommet de l’économie sociale déclarent avec confiance et fierté que la mise en œuvre de cette vision est possible et réaliste d’ici 2050. Ensemble, nous invitons les acteurs de changement, les groupes sociaux et les partis politiques à se joindre à ce chantier qui vise la construction d'une véritable économie inclusive, démocratique, écologique et transformatrice. Cette économie existe déjà et nous allons la mener plus loin. Collectivement, nous nous engageons en faveur d’une économie qui travaille pour nous.